56disposés vendre leur blé même alors. Ia plus grande difficulté, dit elle, laquelle se sont heurtés tous les gouvernements successifs, a été amener les paysans céder leur blé; ils avaient besoin de charrues, de coton pour leurs métiers, de chaussures pour eux et pour leurs enfants, et les roubles qu on leur donnait étaient tellement dépréciés en valeur qu ils avaient plus de faculté payante;les paysans les considéraient comme des chiffons sans valeur aucune. Un propriétaire russe, qui possède deux propriétés dans le Sud a raconté, dit elle plus loin, excursion qu il a faite dans la province de Tchernigov en septembre dernier. Il y est allé pour tâcher de persuader les paysans de vendre leur armée. Cette province se trouve au centre de la région la plus fertile, la plus abondante en produits agricoles. Depuis le mois de décembre de année précédente aucun fonctionnaire officiel a été admis pénétrer dans le village;les habitants étaient isolés du reste de la Russie et les fonctionnaires abstenaient de venir sous menace être tués. y suis allé seul, cheval, armé seulement un fusil et muni de quelques cartouches. Lorsque je approchai du village, les paysans vinrent ma rencontre. Je leur dis qu il fallait qu ils donnent du pain pourl armée, car les soldats sont en danger de mourir de fain sur leurs positions, au front. Je crus leur avoir donné une raison convainquante, sans appel. Lorsque eus fini de parler, un vieux paysan qui paraissait être le porte parole du village répondit. Vous avez bien parlé, maintenant écoutez ce que nous avons vous dire. Vous avez besoin de notre blé et vous nous offrez de le payer raison de roubles le poud. Que sont roubles pour nous? Nous avons besoin acheter des bottes; pour les bottes nous devons payer 100 roubles. Nous préférons garder notre blé. Très bien ai je répondu, si vous voulez garder votre blé, gardez le; mais vous avez aussi besoin de pétrole, de sucre pour votre thé, de fer pour vos charrues. Si vous ne nous donnez pas de blé, nous ne vous donnerons pas ces articles. Le vieux paysan sourit et me fit signe de le suivre; il amena auprès une fenêtre contre laquelle on avait placé deux grossières torches en bois de pin coupées dans la forêt avoisinante. Voilà les lumignons dont se servaient nos grands pères, dit il, ils sont assez bons pour nous; gardez votre pétrole. Mais le sucre? vous en avez besoin pour votre thé? Nos grands pères avaient pas besoin de sucre, ils se passaient très bien de thé et cela ne les empêchaient pas avoir autant de blé que nous en avons. Et comment ferz vous sans fer pour vos charrues. lui demandais je, croyant qu avec cela je le nettrais surement au pied du mur. Mais il me mena un hångar derrière la maison et me montra une charrue primitive en bois, que maintenant on emploie plus que dans des régions tout fait éloignées, presque sauvages.