28 Revenons la première réserve qui touche au plan du livre.
Il y a une manie assez générale dans les livres de gauche qui consiste laisser de coté toute analyse économique de la situation. Chez les anarchistes, ce défaut se trouve accentué par le fait que, obnubilés, mais non sans raison, par Etat, ils ont souvent tendance faire découler tous les maux de celui ci, alors que Etat doit être considéré comme un produit des conditions économiques et sociales; ils ne arrêtent, en général, qu au coté politique des choses. Bien sûr, Richards par le des conditions économiques de Espagne mais au moment des collectivisations et sans en tirer notre avis toutes les conséquences que nous y voyons. est pourquoi nous lui av ns écrit une lettre, restée jusqu ici sans réponse, dont nous allons reprendre ici les idées quoique sous une forme un peu plus libre.
La position anarchiste vis vis de Etat est disions nous purement négative;elle relève beaucoup plus de intuition que de analyse. Elle en est pas pour cela moins saine. Chez certains marxistes, on veut asseoir une théorie de Etat sur analyse scientifique, et on considère celui ci comme un instrument de la classe dominante, fonction des conditions du moment. Mais dès que on en vient la période révolutionnaire de transition vers le socialisme. analyse est abandonnée pour la croyance au dépérissement de Etat. On ne voit guère comment Etat révolutionnaire des marxistes, avec la puissance que ceux ci veulent lui confèrer, se sentira disposer se laisser disparaitre. Les recours la dialectique y changent rien, la théorie tourne l idéologie mystificatrice. La centralisation, la formation un parti puissant, si elle est peut être pas idée de Marx lui même, a néanmoins été toujours au centre des préoccupations des dirigeants marxistes.
Mais cette sorte de chose ne peut être considérée comme le résultat du hasard. Elle vient de ensemble des conditions économiques et sociales qui ont. existé dans le monde durant ces cinquante cent dernières années. est un lieu commun de dire que Marx est trompé lorsqu la fin de sa vie il prévoyait que tous les pays arrières doivent pagser par le stade capitaliste (l Angleterre leur montre leur futur développement, disait il) la révolution socialiste étant la tâche du seul proletariat des pays avancés. Au lieu de cela, on pense aujourd hui communement que cette révolution est produite dans des pays arrièrés comme la Russie et la Chine, et on en conclut la faillite des prédictions marxiennes.
Mais ici, nous ne saurions partager cette manière de voir.
Pour nous les faits guidant notre appréciation, analyse des révolutions russe et chinoise parlant elle même, la révolution russe en particulier, a été la première dos révolutions nationalistes bourgeoises Asie comme le soulignait Pannekoek dès 1920. Une uvelle sorte de capitalisme, que nous pourrons appeler Capitalisme Etat, est développée dans ces pays. la nouvelle classe exploiteuse, la bureaucratie, a installé sa domination. bien des ém gards elle équivaut la bourgeoisie calssique des manuels. Poussée la fois par la nécessité asseoir sa domination, de créer les conditions mêmes de son existence, elle se lance dans la modification radicale de son pays:l industrialisation est sa raison.